Pour MARIE-CHRISTINE :
Comme c’est difficile d’écrire sur les petits riens, les petits bonheurs, tant je me sens nantie, épargnée, protégée ; la guerre, je n’ai pas connu et poutant les petits riens j’en palpe chaque jour : un rayon lumineux traversant la pièce où je suis ou l’émerveillement de mon petit fils Léo qui découvre un escargot, il sautille, se fait même peur dès que cette petite bête sort ses cornes, il peut rester là à regarder attendre sans se soucier que nous avons continué notre chemin. En pensant à mes petits enfants, les petits riens ou presque rien plein de bonheur reviennent à flot, un mot, un exploit, tenir pour la première fois sur son vélo sans petites roues « c’est le plus beau jour de ma vie » dit-elle, Calie le jour de ses 5 ans. Tenir un enfant par la main et regarder, marcher être là avec lui, rêver, ne rien attendre.
Pour FRANCOIS :
Isabelle, j’avais quitté
Pour aller naviguer,
Et ma vie gagner
Parce que le travail j’n’en avais point.
A midi pour m’reposer,
Au soleil j’me baignais.
Les yeux j’avais fermé
Et je n’pensais à rien du tout du tout.
Et pis, au milieu d’ tout ça,
D’ la mer, d’ ma sieste, du bruit des moteurs, etcétéra,
Le silence se fit, une lumière bizarre vint,
Et je vis mon père et ma tante,
Côte à côte, enlacés, émouvants.
Ils me dirent « Tout ira bien, ne t’inquiète pas. »
Ou quèque chose comme ça.
Et ils disparurent comme ils étaient venus.
Je me réveillais, ébloui de cette vision extraordinaire.
Puis je me souvins qu’ils étaient morts tous les deux
Je compris qu’ils étaient revenus pour me réconforter
A un moment où la vie me paraissait bien dure.
Depuis, quand j’ai un coup de blues,
Je pense à eux. Cela me suffit.
Pour JEAN-PIERRE :
– Prendre du temps, le partager, se laisser inspirer -de concert- en atelier d’écriture.
– Laisser des mélodies improvisées me traverser et remplir la voiture qui me conduit, solitaire, à mon RDV.
-Un carré de chocolat naturel 80% de cacao… ah, il ne m’en reste déjà presque plus le souvenir, alors encore un autre!
– Fermer les yeux, promener mon attention en ressentis.
– Prendre le temps de partager du temps avec chacun de mes vieux parents.
– Inspirer – pirer – Expirer !
– Sourire, complice, avec d’autres.
– Chanter en chœur.
– Participer à des actions collectives.
– Découvrir des trésors de traditions populaires.
– Me laisser émerveiller d’entendre exprimer, autrement qu’à ma façon, un conte connu, dit par quelqu’un d’autre.
Pour ANNE :
– sortir de la maison et entrer dans la forêt jusqu’au grand chêne et là m’asseoir et regarder la lumière
– pousser un soupir
– regarder les sourires de nos filles, leurs yeux, leurs mouvements
– sentir un parfum doux et sensuel
– m’installer dans un fauteuil et lire, peinarde
– rester sous ma couette même si le réveil a déjà sonné
– mettre l’eau de la douche bien chaude et refaire le monde
– savoir que dehors il fait froid, mettre bonnets gants et écharpes et bien emmitouflée aller marcher gaillardement.